
Le président zimbabwéen soucieux de réaffirmer son pouvoir après de
récentes manifestations contre son régime, s'en est pris violemment
mercredi aux militants anti-gouvernement, aux anciens combattants et aux
ambassades étrangères, les menaçant de représailles.
« Tous ces Mawarire, je veux les mettre en garde très fermement », a
martelé, mercredi 27 juillet, le président zimbabwéen Robert Mugabe, en
référence au pasteur Evan Mawarire, chef de la fronde citoyenne au Zimbabwe à
l’initiative d’une grève générale bien suivie le 6 juillet. « Le parti
au pouvoir de la Zanu-PF ne tolérera pas ces bêtises bâties sur la
religion », a-t-il prévenu à Harare au cours d’un discours fleuve de
trois quarts d’heure.
Et de menacer face à des milliers de ses partisans réunis à
l’extérieur du quartier général de son parti : « Nous savons comment
gérer nos ennemis qui ont tenté de mener à un changement de régime dans
le pays. »
Le régime de Robert Mugabe, âgé de 92, réprime régulièrement toute
opposition. Mais depuis plusieurs semaines, sa position est
fragilisée par une série de manifestations, sans précédent depuis des
années, pour protester notamment contre la crise économique. Environ 80 %
de la population active zimbabwéenne travaille dans le secteur informel
et le gouvernement manque de liquidités pour payer à temps militaires
et fonctionnaires.
« Punition sévère »
Dans ce contexte, des alliés traditionnels du président, les anciens combattants, ont publié la semaine dernière une déclaration choc
: ils ont dénoncé l’attitude dictatoriale de Robert Mugabe et prévenu
qu’ils ne soutiendraient pas un tel leader lors de la présidentielle de
2018. Mercredi, le chef de l’État a annoncé que son parti enquêtait pour
identifier les personnes à l’origine de ce communiqué.
« Quand nous aurons découvert qui ils sont, le parti prendra des
mesures disciplinaires à leur encontre. La punition sera sévère »,
a-t-il prévenu. Quelques heures plus tard, le porte-parole des anciens
combattants, Douglas Mahiya, a été convoqué par la police, a indiqué à
l’AFP son avocat, Charles Nyika. « Ils veulent l’interroger. Nous ne
savons pas à quel sujet », a-t-il ajouté sans plus de détails.
« Je continuerai »
Robert Mugabe s’en est aussi pris, une nouvelle fois, aux ambassades
étrangères, accusées de soutenir les manifestants. « Les ambassades
étrangères dans le pays (…) interfèrent dans notre politique (…). Je les
préviens qu’elles feraient bien de cesser », a-t-il lancé. « Elles
essaient de saboter notre gouvernement. » Les autorités zimbabwéennes
ont déjà accusé les ambassades américaine et française de soutenir le
mouvement Le Drapeau du pasteur Mawarire.
Robert Mugabe, plus vieux chef de l’État en exercice dans le monde, a
d’ores et déjà prévu de se représenter à la présidentielle de 2018.
« Tant que le parti veut que je continue, et tant que j’ai l’énergie et
la bénédiction de Dieu, je continuerai. »
Par Jeune Afrique avec AFP