
"Dans la vie, il ya des moments où l’on est confronté à une situation
qui met à l’épreuve son existence et sa raison – d’être envers la
communauté et le monde. Pour moi et bien d'autres, c'est à ce
scénario
que renvoie le problème Anglophone au Cameroun."Problème anglophone au Cameroun: l’absence de dialogue pourrait conduire à un bain de sang
Dans la vie, il ya des moments où l’on est confronté à une situation qui
met à l’épreuve son existence et sa raison – d’être envers la
communauté et le monde. Pour moi et bien d'autres, c'est à ce scénario
que renvoie le problème Anglophone au Cameroun.
Les Camerounais, dans leur immense majorité, sont conscients de
l’existence d’un problème dit «Anglophone». Contrairement à certaines
tendances qui ont voulu lui attribuer une démarche sécessionniste, il
est plutôt question de la marginalisation systématique, par le
gouvernement, des Camerounais originaires des Régions du Nord – Ouest et
Sud - Ouest. Plus précisément, il s’agit d’une mécanique dont
l’objectif est de porter atteinte aux spécificités culturelles,
juridiques et administratives du groupe sus-cité. Mis sur la place
publique par des avocats et enseignants d’expression anglaise, la
question Anglophone s’est heurtée à l’usage disproportionné de la
violence par la classe politique de « mon pays bien aimé»,
pour emprunter une expression si chèrement consacrée. Des
revendications qui auraient pu trouver des solutions immédiates, se sont
transformées, du fait de l’inertie et de l’incapacité du gouvernement,
en crises sociales et violations flagrantes des droits de l’homme.
Déficits de Gouvernance
Le Consortium des Associations de la Société Civile Anglophone du
Cameroun (Consortium), mis en place par des Camerounais d’expression
anglaise en vue porter des revendications auprès du gouvernement, a opté
pour la voie du dialogue. Le péché originel de ses représentants est
d’avoir réservé une fin de non-recevoir aux offres de corruption qui
leur ont été faites par les autorités publiques. En guise de
représailles, un Arrêté de René Sadi, Ministre d'Etat en Charge de
l'Administration Territoriale et de la Décentralisation, interdit ses
activités et le désigne comme organisation terroriste. Cette démarche
suscite certaines préoccupations : comment expliquer que des membres du
gouvernement, que j’ai désignés comme mes représentants, engagent des
pourparlers avec un groupe et, lorsque les négociations avec ce dernier
sont dans l’impasse, vont volte-face et brandissent l’arme
«d’organisation terroriste »? A l’évidence, il ne fait aucun doute que
la décision d’interdire les activités du Consortium des Organisations de
la Société Civile Anglophone, tout come celle d’interpeller ses
mandataires, font partie des mauvaises décisions prises par le Président
Paul Biya en 34 ans de règne. Le gouvernement a commis une erreur
stratégique en présageant que l'interdiction du Consortium et
l'arrestation de ses dirigeants résolvraient la crise. Cette démarche a
plutôt aggravé la situation et jeté les bases d’un mouvement d’action
populaire de citoyens ordinaires en quête de liberté et d’égalité. Pour
une fois, près de 99, 9999 % de Camerounais Anglophones ont regardé dans
la même direction et se sont mis debout comme un seul homme pour parler
d'une même voix. Seuls des personnalités Anglophones occupant des
postes de responsabilité dans le gouvernement et certains hommes
politiques n’ont pas soutenu ouvertement les revendications du
Consortium. De même, une organisation telle que le Southern Cameroons National Council
(SCNC), qui n’avait jamais bénéficié d’un soutien de 5%, jouit
désormais d’un indice de popularité considérable. Etait-ce le plan
secret du gouvernement en vue de justifier des arrestations arbitraires,
des traitements inhumains et actes de torture sur des citoyens ? Quoi
qu’il en soit, une telle démarche porterait les germes de sa propre
destruction. Les récentes manifestations ont, contre toute attente,
"libéré" les Camerounais Anglophones. Des parents d’élèves ont
volontairement refusé d'envoyer leurs enfants à l'école, une manière de
demander au gouvernement de se pencher sur les requêtes formulées par
le Consortium. Dans la ville de Buea, les propriétaires de boutiques ont
respecté les mots d’ordre du Consortium en fermant leurs échoppes les
lundis et mardis. Etant donné qu’ils en ont marre, les opérateurs
économiques ne trouvaient aucun inconvénient à fermer leurs lieux de
commerce. La séquence des événements dans le Cameroun Anglophone nous
rappelle, à suffisance, les velléités du Congrès National Africain (ANC)
en Afrique du Sud, une formation politique emblématique qui a combattu
pour la cause noire. Il convient de rappeler que les dirigeants de l'ANC
furent, en leur temps, arrêtés, torturés, jugés par des juridictions
d’exception et condamnés à de lourdes peines privatives de liberté. Par
analogie, les dirigeants du Consortium ont été traduits devant les
tribunaux d’exception et seront condamnés comme tels. Quoique cette
situation ressemble à du déjà vu, la réalité est que ces
leaders ont déjà accepté leur destin. La population Anglophone, au
Cameroun comme à l'étranger, est consciente que le Consortium défend des
intérêts légitimes. A l’heure actuelle, la popularité de ses
dirigeants auprès de ce public-cible est indisputable. Tout comme les
compatriotes Francophones, le Consortium lutte pour la dignité humaine,
la non-discrimination et l’égalité de tous les citoyens. Les Anglophones
du Cameroun veulent préserver leurs cultures, maintenir leur système
éducatif/juridique et participer équitablement à la gestion des
affaires de la cité. C'est la raison pour laquelle les dirigeants du
Consortium ont refusé de se faire corrompre par les membres du
gouvernement en vue d’abandonner leurs revendications. Tout récemment,
Paul Ayah Abine, Procureur Général près la Cour Suprême du Cameroun, a
été arrêté et incarcéré, en violation des dispositions légales en
vigueur. Face à ce déni de justice et état de non-droit, les Camerounais
Anglophones ne se sont pas pour autant lamentés. Par contre, certains
syndicalistes et leaders d’opinion ont même proposé leur arrestation
volontaire. Il ya lieu de croire que le gouvernement aurait opté pour
l’usage de la force et de la violence comme moyens de sortie de crise.
Je démeure sceptique face à une telle approche. Non seulement elle est
inadéquate et contre – productive, les populations sont, en outre, plus
que jamais déterminés.
Cameroun «Un et Indivisible»
Beaucoup d’observateurs et analystes sont unanimes sur le caractère «Un
et Indivisible» du Cameroun. Certains n’hésitent pas à s’accrocher au
spectre de la « division» lorsque des discussions relatives à la forme
de l’Etat sont abordées. Je croyais fermement à cette unité et
indivisibilité du pays de mes ancêtres. Depuis ma naissance, je n’ai
connu qu’un seul Président de la République - Paul Biya -. Dans le souci
de faire bon usage du caractère bilingue et biculturel de la mère -
patrie, j’ai pris des dispositions, le long de mon cursus scolaire, pour
apprendre les deux langues officielles du Cameroun, le Français et
l’Anglais. Par la suite, mon épouse et moi avons créé une Fondation
caritative, association à but non lucratif, dont le siège est à Yaoundé.
Dans la gestion opérationnelle et la mise en œuvre de ses programmes,
nous accordons une attention particulière à la maîtrise parfaite de
l’Anglais et du Français par le personnel; et encourageons chacun (e) à
parler la langue de son choix. Voilà le Cameroun auquel je crois.
Comme d'autres l'ont relevé précédemment, être « Anglophone » dans le
Cameroun d'aujourd'hui revient à surmonter au quotidien des épreuves
difficiles, douloureuses et démoralisantes à la limite. Comment
expliquer qu'un Camerounais Anglophone qui a étudié en anglais depuis
l’enfance mais, qui a obtenu une mauvaise note à l’examen de langue
anglaise au G.C.E Ordinary Level, ne soit pas autorisé à
s’inscrire à l’Université de Buea? Par contre, un Camerounais
Francophone ayant suivi un programme intensif post- Baccalauréat
de langue anglaise en six semaines est autorisé à le faire. Le
harcèlement sur les axes routiers fait également partie du vécu
quotidien des Camerounais Anglophones. Récemment, des proches m’ont
vivement recommandé de faire enregistrer ma nouvelle voiture dans les
Régions du Littoral ou du Centre ; et pour cause, il est avéré que les
véhicules possédant des plaques d'immatriculation Nord-Ouest (NW) et/ou
Sud-Ouest (SW) subissent, de la part des gendarmes et autres forces de
l’ordre, des tracasseries le long du trajet routier Douala-Yaoundé et
sur d'autres postes de contrôle. La marginalisation s’étend aussi aux
nominations à des postes de responsabilité. Dans la pratique, il est
difficile pour les autorités détentrices de ce pouvoir de nommer un
Anglophone à un poste de responsabilité de haut niveau si cette dernière
est incapable de s’exprimer en langue française. Pourtant, l’actuel
Ministre de l'Education de Base a besoin d'un interprète/traducteur pour
tenir des échanges avec les représentants du Consortium. Il s’agit là
de problèmes fondamentaux qui n'ont rien à voir avec le manque d'emplois
à Yokadouma ou l’absence d’infrastructures routières à Kousséri. Des
composantes sociologiques sont marginalisées en violation du pacte
historique ayant servi de socle à la naissance de la nation
Camerounaise. En l’absence d’un dialogue constructif, il est difficile
d'envisager la célébration du 11 février dans les zones Anglophones. De
même, la colère des populations ainsi meurtries est incompatible avec
les manifestations du 20 Mai. L’unité et l’indivisibilité du Cameroun
pourraient – elles se faire sans les Anglophones ? Pourquoi ces Régions
ne célébreraient –elles pas certaines journées spéciales telles que le
18 Juillet (Journée Nelson Mandela) ou le 1er Octobre
(indépendance du Cameroun Britannique) ? Certains pensent que les
Régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest ne devraient pas prendre part aux
élections de 2018. Dans un tel scénario, pourrait - on toujours, se
prévaloir du caractère « Un et Indivisible » du Cameroun? De même,
qu’adviendrait – il si, contraints par le peuple, les Parlementaires et
Ministres des Régions Anglophones étaient poussés à quitter le
gouvernement? Mes chers frères et sœurs, cette situation nous interpelle
et une solution politique est plus que jamais indispensable. Préjudices Financiers Considérables
D’après EYEMBE & ASSOCIES, les opérations Villes Mortes
coûtent, sur le plan économique, au moins 20 milliards de FCFA par jour
au trésor public. Les pertes quotidiennes en recettes douanières sont
estimées à 195 millions de FCFA. A cet effet, il convient de relever que
la Région du Sud-Ouest, à elle seule, génère près de 45% des recettes
nationales. Eu égard à la rigidité des marchés financiers consécutifs à
la chute brutale du cours des produits pétroliers, de tels déficits ne
sauraient passer inaperçus. D’ores et déjà, les recettes de l’exercice
2016 affichaient un déficit considérable par rapport à celles de 2015 ;
et la dette extérieure avait atteint 27% du PIB. Cette situation a
poussé le Fonds Monétaire International (FMI) à envisager une probable
dévaluation du Franc CFA sur le marché monétaire international. Sur tout
un autre plan, l'absence d’une politique de libre circulation des
personnes et des biens réduit les revenues potentielles des postes de
péage. Les Camerounais sont conscients du fait qu’une partie
substantielle desdits fonds est détournée par des agents de l’Etat. A
défaut de se contenter du maximum, l’impact serait tout autre si les
pouvoirs publics pouvaient sécuriser et investir, sur des projets
prioritaires, ne serait- ce que 10% des recettes de péage. En tout état
de cause, la pérennisation des Opérations Villes Mortes
symbolise, s’il en était besoin, l’effritement de la capacité
d’intervention de l’Etat vis-à-vis de ses obligations régaliennes.
Raison pour laquelle le pays a besoin d’hommes de pensée, leaders et
stratèges proactifs susceptibles de résoudre par anticipation des
problèmes de développement ou d’intérêt commun. Problématique du Silence
Indépendamment de leur appartenance linguistique –
Anglophones/Francophones – des compatriotes m'ont découragé à publier le
présent article. Ils estiment qu’il est susceptible de mettre des vies
en danger et de donner au gouvernement des raisons d’arrêter, torturer
et emprisonner des employés de ma Fondation. Je leur ai opposé des
arguments contraires, basés pour l’essentiel sur une publication du
compte TWITTER du Président de la République datée du 22
janvier 2017 qui déclare, en substance, qu’il n'est pas interdit de
donner son point de vue sur les problèmes de la nation. Je me suis
également appuyé sur le fait que certains acteurs qui se sont prononcés
sur le sujet ont même requis la démission du Chef de l’Etat. Tous ces
arguments, malheureusement, n’ont pas pu les convaincre. En ma qualité
de co-promoteur de la Fondation et, prenant en compte le fait que je
suis né dans la région Anglophone, ils sont convaincus que ma Fondation
pourrait être désignée comme organisation terroriste ou une association
affiliée à de tels groupes. Prenons quelques minutes pour y méditer. Une
Fondation financée sur fonds propres et épargnes individuelles dont
l’objectif est de venir en aide à toutes les couches sociales dans les
dix Régions du pays, qui a récemment organisé la toute première
compétition de remise de prix aux jeunes porteurs de projets dans les
filières Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STEM), et
qui subventionne le recrutement d’enseignants aux élèves déplacés dans
la zone de Yagoua – Région de l’Extrême Nord, ne saurait être étiquetée
comme une organisation terroriste, tout simplement parce que son
fondateur «Anglophone » a attiré l’attention des pouvoirs publics sur le
viol, l’arrestation et la détention arbitraire de jeunes étudiantes de
17 ans. Présenter la Fondation comme organisation terroriste
entraînerait la perte d’emplois à près de 20 personnes, pour la plupart
francophones. C’est la triste réalité du problème Anglophone et nous
sommes convaincus qu’il sera résolu. Monseigneur Desmond Tutu,
Archevêque Anglican Sud-Africain et Prix Nobel de la Paix 1984, avait
l’habitude de déclarer que «si vous êtes neutres face à l'injustice,
vous avez choisi le côté de l'oppresseur» ; et que «si un éléphant pose
sa patte sur la queue d'une souris et vous dites que vous êtes neutres,
la souris n'appréciera jamais votre neutralité. " Au
demeurant, la question Anglophone au Cameroun n'est pas et ne saurait
être, au sens strict du terme, un problème entre « Anglophones» et
«Francophones». Il s’agit, à contrario, d’un problème entre les
ressortissants des Régions du Sud-Ouest et Nord–Ouest et la classe
dirigeante, laquelle est majoritairement francophone. Si l’on part du
postulat selon lequel le Cameroun est « Un et Indivisible», comment
pourrait-on expliquer le silence presqu’absolu de nos concitoyens
Francophones sur des préoccupations ci- après : • arrestations
arbitraires ;• militarisation excessive;• interruption de l'Internet
dans les Régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest ;• viol de jeunes filles ;•
abandon sur la voie publique des dépouilles de personnes tuées ; et•
bien d’autres atrocités ? Pourquoi ce silence? Dans le
but de «punir» les populations en vue de briser leur soutien au
mouvement, des rumeurs persistantes font état de la coupure prochaine,
par le gouvernement, de l’Internet, de l'électricité, de
l'approvisionnement en eau et d’autres services de première nécessité.
Les Camerounais doivent barrer la voie à de telles manœuvres qui
relèvent d’une autre époque. Perspectives
Les Camerounais sont à la fois perplexes et confus quant à l’avènement
de la décentralisation. Ils ont vu en celle – ci un début de solution
aux problèmes sus-évoqués. A la faveur de la Loi du 18 janvier 1996, le
Ministère de l'Administration Territoriale (MINAT) a été transformé en
Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation
(MINATD). Depuis lors, les résultats de cette structure étatique chargée
de la mise en œuvre de la décentralisation sont loin d’être
perceptibles. Au lieu de s’atteler à la mise en place de la
décentralisation telle que prévue par la réglementation en vigueur, le
MINADT a plutôt procédé à l’arrestation des leaders du Consortium qui
critiquaient la non – application de ce mode de gouvernance des affaires
publiques. Créer des Commissions, arrêter et emprisonner des leaders
d’opinion qui ont soulevé des problèmes de développement prioritaires
est une manœuvre de diversion qui participe du dilatoire, mode
privilégié de gouvernance – quoique désuet - de la classe politique
dirigeante de notre pays. Les Camerounais en ont ras-le-bol des
Commissions et n’y croient plus. Les conclusions de la Commission mise
sur pied à la suite de l’accident ferroviaire d'Eseka, dont le rapport
était prévu pour le 25 novembre 2016 au plus tard, restent attendues.
C’est l’occasion, une fois de plus, de s’interroger sur l’opportunité
et l’efficacité des mesures prises par le gouvernement car elles sont
contre-productives. Les autorités publiques ne sauraient caporaliser les
citoyens au point de contrôler leurs opinions et pensées. Le Conseil
National de la Communication (CNC) ne saurait proscrire des débats sur
le fédéralisme ou toute autre forme de gouvernance. De même, le CNC ne
peut pas interdire aux médias et organes de presse de se pencher sur des
questions d’intérêt national. Comme relevé plus haut, de telles dérives
décrédibilisent l’action du gouvernement. Pour l’intérêt collectif,
le gouvernement doit prendre en considération les revendications du
peuple et y apporter des solutions. Le Consortium constitue une porte
de sortie de crise et le gouvernement doit retourner à la table des
négociations. Le dialogue inclusif, franc et direct entre les parties
est la solution. La sortie de crise ne saurait se faire à travers des
Commissions, car elles sont vouées à l‘échec. Dans ce cadre, les deux
parties doivent faire des concessions. Tout en m’inclinant devant la
sagesse et l’humilité des parties, je les invite au dialogue. Dans le
cas contraire, l’option militaire ne pourrait conduire qu’à un bain de
sang.
Dr. Denis Foretia
***
Dr Denis Foretia est chirurgien et co-directeur de Denis & Lenora
Foretia Foundation. Il est également Chercheur et Analyste Principal
auprès du Nkafu Policy Institute.
Without dialogue the Anglophone Problem in Cameroon could spiral into a bloodbath
There are few times in life when one is faced with a fundamental issue
that reaches to the very core of their being, challenges the essence of
their existence and their role in community and the world. For myself
and many others, this is exactly what the Anglophone problem in Cameroon
represents.
It is interesting that, today, the vast majority of Cameroonians seem to
accept that there is actually an “Anglophone” problem in the country.
Contrary to many attempts to label it as a quest for secession, this
problem is centered on the systematic marginalization of
English-speaking Cameroonians by the government, and the deliberate
attempt to extinguish the core cultural, legal and administrative
systems in these regions. The current manifestation of this problem, as
presented by the teacher’s trade union and Common Law lawyers and the
autocratic responses from government have left me crying for my beloved country.
A problem that could be easily acknowledged and addressed has, instead,
escalated into a ticking time bomb because of serious government
ineptitude and the blatant disregard for fundamental rights.
How Not to Manage
The Cameroon Anglophone Civil Society Consortium (Consortium) that was
created by English-speaking Cameroonians to table their concerns to
government has pursued dialogue. When these leaders did not accept
government bribes, an executive order from the State Minister for
Territorial Administration and Decentralization, Rene SADI, banned the group and designated it a terrorist organization. Now, how does a government, my representatives,
sit down and negotiate with a group and, when at an impasse, turn
around and label it a terrorist group? This decision, unfortunately,
will likely go down as one of the worst decisions in the 34-year of
presidency of Paul Biya. If the government seriously thought that banning
the Consortium and arresting its leaders would solve the problem, it is
clear that they could not have been more wrong, as their actions have
only hardened the determination of regular citizens in their quest for
equality. For the very first time, I have seen English-speaking
Cameroonians nearly 99.9999% united and speaking with one voice. The
only people who are not openly in support of the Consortium are
“Anglophones” in today's government, as well as many politicians. Groups
like the SCNC which, previously, did not have the benefit of even 5%
support, are now very popular. May be this was the government’s plan all
along ... to justify the arbitrary arrests and brutalization of
law-abiding citizens. I would caution very strongly that this strategy
will backfire.
The current protests have “liberated” English-speaking Cameroonians in
ways that many cannot begin to fathom. Of their own volition, parents
have refused to send their children to school until the demands are
addressed. In Buea, store owners have made plans to close shops on
Mondays and Tuesdays as prescribed by the banned Consortium. In fact,
people do not even seem remotely angry about closing up their shops, but
instead are saying, “Enough is Enough.” The sequence of events is
eerily similar to the African National Congress (ANC) struggles in South
Africa, a fact which has not gone unnoticed by many. ANC leaders were
widely popular with Black South Africans. Consortium leaders today are
extremely popular with English-speaking Cameroonians. We all know that
ANC leaders were arrested and jailed. Consortium leaders have been
arrested and are currently jailed. ANC leaders were tried in repressive
courts and sentenced to life in prison. Likewise, Consortium leaders are
being tried in special courts and will be sentenced to …. This may
sound like déjà vu, but the reality is that most Consortium
leaders have already accepted their fates. And that is a very scary
thing. The English-speaking population, both in Cameroon and abroad,
knows that they are fighting for something much bigger than themselves.
They are fighting for the right to be treated equally and with respect,
just like their French-speaking brothers and sisters. They want to
preserve their culture, maintain their legal system and have an equal
stake in their country. That’s why Consortium leaders have refused any
and all government bribes. Justice Ayah Paul Abine, Attorney General of
the Cameroon Supreme Court, was recently arrested without an arrest
warrant, as stipulated by the law. Yet, I have not seen
English-speaking Cameroonians shedding a single tear over his arrest.
Instead, trade unions members are offering themselves up for arrest. If
the government thinks that this problem will disappear through brute
force, I would suggest that they seriously reconsider. The determination
amongst Cameroonians is unprecedented and palpable.
One and Indivisible
There is a great deal of talk that Cameroon is “One and Indivisible."
That any other administrative structure is tantamount to “dividing”
Cameroon. I believed Cameroon was “One and Indivisible." Throughout my
life there has been one president – Paul Biya. I believed Cameroon was
bilingual so I did my best to learn French in Secondary and High School.
Today my wife and I head a non-profit foundation that is headquartered
in Yaounde and we ascertain that every team member hired understands
both English and French. We encourage each of them to speak the
language of their choice. This is the Cameroon I believed in. As others
have highlighted before, being an English-speaking Cameroonian in
today's Cameroon is extremely difficult, painful and demoralizing.
How do we explain the fact that an English-speaking Cameroonian who has
spoken English all her life but fails English at the G.C.E Ordinary
Levels cannot be accepted into the University of Buea; but a
French-speaking Cameroonian is allowed to enroll in the university after
completing a short six-week course of English language? What is the
explanation? I was strongly advised to register my new car in the
Littoral or Center region because vehicles with Northwest or Southwest
matriculation plates are harassed by gendarmes on the Douala-Yaoundé
highway and at other police checkpoints. That is the reality.
Additionally, has the Cameroonian government ever appointed an
English-speaking Cameroonian to a top-level position if that individual
is unable to speak French? Yet the current Minister of Basic Education
requires an official translator in order to negotiate with Consortium
leaders. These are real issues that have nothing to do with
lack of jobs in Yokadouma or the rarity of roads in Kousséri. However,
individuals are marginalized and discriminated against simply because
they hail from the English-speaking regions, irrespective of the
historical foundations of the present Cameroon construct.
As it stands today, and without any meaningful dialogue, it is hard to
imagine a situation in which 11 February will be celebrated in the
English-speaking zones. And given the deep anger in the streets 20th
May celebrations are highly unlikely. Will Cameroon remain “One and
indivisible” without these regions' participation? What will prevent
these regions from celebrating a very special 18 July (MANDELA Day) or 1st
October (Independence of British Southern Cameroons)? There is talk
that the Northwest and South West regions may not participate in the
2018 elections. Will Cameroon remain “One and Indivisible?" What happens
when members of Parliament and ministers from the English-speaking
regions are forced to step down from the government by their people?
Will we still be “One and Indivisible?" The reality, my brothers and
sisters, is that we need a political solution and we need it fast.
Financial losses
It is estimated that Cameroon loses at least 20 billion FCFA every day
during ghost towns and that these strikes are depriving the treasury of
195 million FCFA every day in lost customs revenue alone per estimates
by Eyembe and colleagues. The South West region alone generates 45% of
Cameroon’s foreign exchange earnings. This is a very significant daily
loss, especially given the very low commodity prices internationally and
the decreasing revenue from oil rents. Revenues for 2016 were already
significantly lower compared to 2015 and the external debt is at an
astounding level of 27% of GDP. There has already been severe pressure
from the International Monetary Fund (IMF) to devalue the currency. The
lack of free movement of goods and peoples eliminates daily revenues
from tolls. Every Cameroonian knows that the vast majority of toll
revenue ends up in private pockets; even if only 10 percent made its way
into government coffers, the result would be significant. The ghost
towns only make it more likely that government will run out of money to
meet its basic obligations, a situation that nobody wants. We need
level-headed, clear thinkers to start solving this problem before we go
down a path of no return.
Staying Silent
Many Cameroonians, both English and French-speaking, strongly advised me
against publishing this article because, as they argued, it would put
many lives in danger and give the government an open reason to arrest,
torture and imprison our foundation employees. I have tried to convince
them otherwise, highlighting that the President, through his Twitter
account on 22 January 2017, declared that “It is not forbidden to voice any concerns in the Republic,"
and that there have been recent publications from other people; one
author called for the President to resign. However, they are not
convinced. As the co-founder of the Foundation and given that I was
born in the English-speaking region they are convinced that the
Foundation will be designated a terrorist organization or an affiliate
of terrorist groups. Now, think about that for a minute. A Foundation,
funded through our personal contributions in the millions; a Foundation
committed to helping Cameroonians in all ten regions, that organized the
first STEM Prize last year and is providing teachers for displaced
children in Yagoua – Far North region will likely be listed as a
terrorist group simply because the “Anglophone” co-founder points out
that 17-year-old university students were raped while illegally arrested
and in custody. Labeling the foundation as a terrorist organization
will only lead to 20 Cameroonians losing their jobs, the majority of
whom are from French-speaking regions. This is our reality today. This
is the Anglophone problem. We hope it is not the same tomorrow.
The revered Archbishop Desmond Tutu of South Africa once said that “if you are neutral in the face of injustice, you have chosen the side of the oppressor” and that “if
an elephant has its foot on the tail of a mouse and you say that you
are neutral, the mouse will not appreciate your neutrality."
The Anglophone Problem in Cameroon is not a problem between
“Anglophones” and “Francophones” but, rather, between English-speaking
Cameroonians and the primarily French-speaking ruling class. If Cameroon
is “One and Indivisible” what explains the almost complete silence from
our French-speaking brothers and sisters in the face of
- arbitrary arrests
- severe militarization
- the blocking of the internet to the Northwest and Southwest
- the raping of young girls
- the dumping of those killed in open streets and
- many more atrocities
Why are they this silent?
There are rumors that in the coming days the government will not only
cut the internet but will cut electricity, water supplies and other
necessities to “punish” the population and break their willpower.
Cameroonians from all walks of life should hold the government
accountable to make sure it does not go down this path, which would
represent a permanent stain in our nation’s history.
Moving Forward
Many French-speaking Cameroonians have argued that these issues could be
easily solved through an effective decentralization of administrative
affairs. What they fail to understand is that the Ministry of
Territorial Administration was changed to the Ministry of Territorial
Administration and Decentralization after the law of 18 January 1996 was
passed. What amount of decentralization has this Ministry readied or
completed in the last 20 years? Why should Cameroonians believe that an
effective decentralization would now be implemented? Is this not the
same Ministry that, instead of performing its duties, has proceeded to
“ban” the Consortium and arrest the leaders who have been saying that
the process is not working? Creating commissions when the leaders who
brought up the issues are under arrest is simply a ploy to persuade many
French-speaking Cameroonians that the government is trying to do something.
French-speaking Cameroonians are tired of these commissions and will
not buy into it. The Eseka railways Commission that was due to report on
25 November 2016 has not yet been published. The current issues are
extremely serious. No ill-conceived or short-sighted solutions should
be acceptable.
I am extremely worried about the direction the government is pursuing
because I am confident it is counterproductive. The government cannot
tell people how to think and what to think about. The National
Communication Council (NCC) cannot ban discussion about federalism or
any other form of governance. Likewise, NCC cannot ban news media from
discussing the critical issues that are ravaging the seams of our social
fabric. Doing so will be at the government's own peril.
For the benefit of all Cameroonians, the government needs to face the
fact that the people are legitimate and resolute in their demands. It is
imperative that the Consortium provides a face-saving gesture that
allows the government to return to the negotiation table. The way
forward can only come through meaningful, direct and frank dialogue. Not
baseless Commissions. Both sides must be ready to make the necessary
concessions. I am on my knees begging the government to dialogue. Should
they continue the current military strategy, I fear a bloodbath is
inevitable.
Dr. Denis Foretia
***
Dr. Denis Foretia is a surgeon and the Co-Chair of the Denis &
Lenora Foretia Foundation. He is also a Senior Fellow at the Nkafu
Policy Institute.
Source : Cameroon-Info.Net