
A 40 ans, Didier Drogba a disputé le 9 novembre
2018 à Louisville aux Etats-Unis, en finale de
l’USL Cup, une compétition nord-américaine l’ultime match de sa carrière professionnelle de footballeur. L’attaquant a tiré dans la nuit du 21 au 22 novembre sa référence sur son compte Twitter après deux décennies marquées notamment par ses glorieuses années à Chelsea (Angleterre) et ses exploits en équipe de Côte d’Ivoire.
l’USL Cup, une compétition nord-américaine l’ultime match de sa carrière professionnelle de footballeur. L’attaquant a tiré dans la nuit du 21 au 22 novembre sa référence sur son compte Twitter après deux décennies marquées notamment par ses glorieuses années à Chelsea (Angleterre) et ses exploits en équipe de Côte d’Ivoire.
C’est
l’un des meilleurs footballeurs africains de l’histoire et sans doute
l’un des quatre ou cinq meilleurs attaquants qu’ait vu naître le
continent. Didier Yves Drogba Tébily a vécu, à 40 ans, 7 mois et 26
jours, le dernier match de son immense carrière de footballeur. Une
carrière qui l’a donc mené de petits clubs français, où il a pris son
temps pour éclore durant les années 1980 et 1990, aux sommets des foots
européen, africain et même mondial.
« C’était pas gagné »
En 2008, il y a dix ans, Didier Drogba publiait déjà une
autobiographie avec le journaliste et par ailleurs consultant pour RFI,
Hervé Penot, C’était pas gagné. Un titre évocateur du parcours tortueux
pour le natif d’Abidjan, envoyé à l’âge de 5 ans chez un oncle
footballeur en France.
Un pays où l’ex-gamin de Yopougon parfait lentement mais sûrement ses
qualités… Dunkerque (1988-1989), Abbeville (1989-1990), Tourcoing
(1990-1991), Vannes (1991-1993), Levallois (1993-1997) puis Le Mans
(1997-1998) où il évolue ensuite en tant que pro, de 1998 à 2002. Le
club manceau est réputé pour détecter et former des joueurs africains de
talent.
Mais c’est à Guingamp, aux côtés du futur international français
Florent Malouda, que Didier Drogba se révèle. Une saison 2002-2003 qui
attise la convoitise de l’Olympique de Marseille (OM). L’OM, qui est
alors encore le club le plus populaire de France, en fait vite sa star,
durant l’exercice 2003-2004. A raison. En l’espace de quelques mois,
l’avant-centre empile les buts spectaculaires, que ce soit en
Championnat de France ou en coupes d’Europe.
Roi d’Angleterre
En Ligue des champions, il a notamment scoré face au FC Porto de José
Mourinho. Celui qui est alors un tout jeune entraîneur est ce soir-là
impressionné par le Marseillais. L’été qui suit, le Portugais insiste
donc pour faire venir Didier Drogba dans son nouveau club, Chelsea. L’OM
cède son joyau contre un chèque d’une trentaine de millions d’euros, à
la grande colère du joueur et des supporters olympiens.
L’Ivoirien est tout d’abord assez peu épanoui en Angleterre. Ses
premiers mois sont perturbés par des pépins physiques mais il trouve
néanmoins régulièrement le chemin des filets. Surtout, son entente avec
José Mourinho est exceptionnelle et leur collaboration est fructueuse.
Didier Drogba se forge un palmarès avec deux championnats d’Angleterre
(2005 et 2006) et d’autres titres.
Même lorsque Mourinho quitte Chelsea en pleine saison 2007-2008,
l’intéressé ne se démonte pas et reste la valeur sûre des « Blues », que
ce soit sous la direction de l’Israélien Avram Grant, du Brésilien Luiz
Felipe Scolari, du Néerlandais Guus Hiddink, de l’Italien Carlo
Ancelotti, du Portugais André Villas-Boas ou de l’Italien Roberto Di
Matteo, durant les cinq années suivantes.
Roi d’Europe
Si Didier Drogba garnit sans cesse son armoire avec des trophées
nationaux, en Europe, en revanche, il peine à parvenir au sommet. Exclu
en finale de la Ligue des champions 2007-2008, il s’incline face à
Manchester United. Lors de l’édition suivante, il pète les plombs après
une demi-finale retour houleuse face au FC Barcelone, lâchant au sujet
de l’arbitrage, devant une caméra : « Vous avez vu ça ? C’est une honte…
C’est une putain de honte ! » Un écart de conduite qui lui vaut quatre
matches de suspension.
C’est en 2012, alors que Chelsea et ses trois piliers – Didier
Drogba, Frank Lampard et John Terry – semblent sur le déclin, que les «
Blues » deviennent enfin champions d’Europe. Après un parcours plein de
hargne, ils triomphent en finale du Bayern Munich, aux tirs au but, avec
une égalisation de l’Ivoirien durant le temps réglementaire.
Un voyage d’Est en Ouest
Peu après ce sacre, Didier Drogba annonce à la stupeur générale qu’il
quitte Chelsea après un peu moins d’une décennie pour aller en Chine,
au Shanghaï Shenhua. Une expérience 2012-2013 peu stimulante. La
superstar rebondit donc en Turquie et à Galatasaray, un championnat et
un club plus compétitifs où les supporters en font une icône absolue.
Pourtant Drogba n’y reste que quelques mois. Il retrouve en effet
José Mourinho et Chelsea pour une pige qui lui permet d’ajouter un
quatrième Championnat d’Angleterre à son CV, ainsi qu’une troisième
Coupe de la Ligue anglaise, auxquels il faut adjoindre les quatre Coupes
d’Angleterre et deux Community Shields déjà glanés.
La suite ? Un séjour en Amérique du Nord. D’abord à l’Impact de
Montréal, une équipe de la Major League Soccer, en 2015 et 2016. Puis
une ultime expérience au Phoenix Rising FC, une plus modeste formation,
en 2017 et 2018, dont il devient par ailleurs dirigeant.
Une légende en Afrique…
En club, Didier Drogba a donc brillé sur trois continents. Mais c’est
surtout à travers l’Afrique, avec l’équipe nationale de Côte d’Ivoire
que « Dai Zoko national » a sans doute vécu ses émotions les plus
fortes. Il y a évidemment cette qualification historique pour la Coupe
du monde 2006, en octobre 2005. Depuis Khartoum au Soudan,
l’attaquant-vedette lance alors un vibrant appel à la paix dans son
pays, ravagé par la guerre. « Déposez les armes. Organisez des élections », réclame-t-il.
Sa popularité s’accentue encore en 2006 lorsqu’il mène les «
Eléphants » en finale d’une Coupe d’Afrique des nations pourtant
remportée par le pays hôte, l’Egypte. Mais c’est aussi le début d’une
terrible frustration à la CAN.
Après avoir manqué un tir au but face aux « Pharaons », Drogba va
encore perdre la finale de la CAN 2012, face à la Zambie cette fois. Et
il ne sera pas de celle remportée par ses ex-partenaires, en 2015 en
Guinée équatoriale.
…et une superstar planétaire
Les trois phases finales de Coupe du monde qu’il dispute avec la
sélection ivoirienne, en 2006, 2010 et 2014, se soldent par ailleurs par
des éliminations rageantes dès le premier tour. Au Brésil, en 2014,
Didier Drogba semble déjà nettement moins percutant qu’à ses plus belles
heures. Mais son aura auprès du public brésilien, qui a pourtant vu
passer des légendes comme Pelé, Garrincha, Socrates ou Ronaldo, est
impressionnante. Elle témoigne de la place prise par l’Abidjanais dans
la saga du sport-roi.
Par
David Kalfa
RFI