Mais le nouveau texte a toutefois de nombreux détracteurs.
Le Parlement de Guinée a modifié le code civil pour faire de la monogamie le régime général du mariage, sauf en cas « d’accord explicite » de la première épouse, prenant le contre-pied d’un texte voté fin 2018 légalisant la polygamie mais qu’avait rejeté le président Alpha Condé.
Voté
jeudi 9 mai en séance plénière, le nouveau texte faisait samedi l’objet
de critiques dans les médias guinéens, tant la polygamie fait partie
des pratiques courantes, y compris au sein de la classe dirigeante, dans
ce pays d’Afrique de l’Ouest très majoritairement musulman.
De
très nombreux hommes y ont plusieurs femmes, mais les deuxièmes,
troisièmes ou quatrièmes épouses, avec qui ils s’unissent lors de
mariages religieux ou traditionnels, ne jouissent pas des mêmes droits
que les femmes épousées en premier lors de mariages civils, notamment en
matière d’autorité parentale ou de succession.
En décembre 2018, les députés avaient largement adopté un nouveau code civil, dont l’article 281 affirmait que « le mariage peut être conclu soit sous le régime de la monogamie, soit sous le régime de la polygamie limitée à quatre femmes ». Le texte disait aussi que « faute pour l’homme de souscrire à l’une des options », « le mariage est présumé être placé sous le régime de la polygamie », laissant donc le dernier mot à l’époux.
« Les discriminations au détriment des femmes ont été corrigées »
Mais le président Alpha Condé n’avait « pas apprécié »
le vote de cette loi, selon ses services, et renvoyé le texte au
parlement. En seconde lecture, 71 des 73 députés présents ont voté en
faveur d’une nouvelle version de l’article 281, qui affirme à présent
que « le mariage est soumis au régime de la monogamie pour tous les citoyens guinéens ».
Toutefois, « le
futur mari peut, au moment de la célébration du mariage, en présence de
sa future épouse et avec l’accord explicite de celle-ci, déclarer qu’il
opte pour la polygamie limitée à deux, trois ou quatre femmes au
maximum ». A défaut, « le mariage est placé de manière irrévocable sous le régime de la monogamie ».
« Les
discriminations au détriment des femmes ont été corrigées. Le principe
de la monogamie est consacré comme par le passé et la polygamie est
devenue une exception », a déclaré la députée Traoré Zalikatou Diallo, se disant « vraiment émue ».
« Les
lois qui sont prises aujourd’hui (en Guinée), c’est pour faire plaisir
aux Occidentaux sans tenir compte de nos coutumes et de nos mœurs »,
a au contraire fustigé Aboubacar Soumah, l’un des deux députés à avoir
voté contre. Un ancien ministre de la Communication, Alhoussein Makanéra
Kaké, arguant qu’« il y a plus de femmes que d’hommes », a assuré à l’AFP « préférer » voir sa fille « deuxième ou troisième épouse que de la voir vieillir sans homme ».
« Si
par la grâce de Dieu, un homme décide d’épouser une fille et que
quelqu’un vient lui dire qu’il ne peut pas parce qu’il est marié à une
autre, vous voyez ce que ça fait », a commenté le grand imam de la
mosquée de Kipé, un quartier de Conakry, en expliquant que le Coran
autorise jusqu’à quatre épouses « à conditions d’être justes avec elles ».
Par nouvelobs.com
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