
26 dollars par mois soit, 23 euros, c'est le salaire moyen des ouvriers du textile en Ethiopie. Un revenu calculé dans un rapport rendu public cette semaine par le Centre Stern pour les affaires et les droits de l'Homme de l'université de New York. C'est la face cachée du boom économique du pays, vanté depuis plusieurs années par les autorités qui ont construit des parcs industriels pour cette industrie.
Au Bangladesh, dans l'industrie textile, un ouvrier gagne 95
dollars par mois, au Kenya 207 et en Chine 326, en moyenne. Mais en
Éthiopie, il ne gagne que 26 dollars par mois, et est le plus mal payé
au monde dans ce secteur. Il ou plutôt elle, car selon le Centre Stern
qui a étudié les conditions de travail dans le parc industriel de
Hawassa, l'un des plus grands du pays, la majorité des employés sont des
femmes. Jeunes paysannes, venues travailler à la chaine pour de grandes
marques comme H&M ou Calvin Klein via des fabricants chinois. Addis
Abbeba, qui ambitionne de devenir un géant manufacturier, multiplie les
incitations envers les investisseurs étrangers mais néglige totalement
les conditions de travail. Les salaires sont si bas que ces
travailleuses ne parviennent pas à en vivre. La démotivation est grande,
l'absentéisme aussi, les arrêts de travail sont incessants. Et les
employés ne restent pas plus d'un an en moyenne.
Le Centre Stern
résume les carences du modèle éthiopien par cette comparaison. Le pays a
le choix entre devenir la Chine ou le Bangaldesh. La première a su
tirer profit de son industrie textile pour mettre en place des chaines
de valeur ajoutée, tandis que le second se contente d'assembler à bas
prix des composants textiles importés d'autres pays, pour se retrouver
avec une pauvreté endémique et une économie arriérée.