
En raison d’un « problème technique », New Delhi a dû annuler le
lancement de sa fusée.
L’expédition devait poser le 6 septembre un
atterrisseur et un robot mobile au pôle sud de la Lune.
56 minutes et 24 secondes avant l’heure
prévue, l’Inde a annulé lundi 15 juillet le lancement dans l’espace de
sa deuxième mission lunaire. New Delhi, dont l’agence spatiale a
simplement évoqué un « problème technique », reporte ainsi de fait son ambition de devenir la quatrième nation à réussir à poser un appareil sur la Lune.
L’agence
spatiale indienne ISRO prévoyait de lancer lundi à 2 h 51 locales
(23 h 21 dimanche, heure de Paris) sa mission Chandrayaan-2 depuis le
pas de tir de Sriharikota (sud-est de l’Inde). L’expédition devait poser
le 6 septembre un atterrisseur et un robot mobile au pôle sud de la
Lune, situé à quelque 384 000 km de la Terre.
Or « un problème technique a été remarqué dans le système du véhicule lanceur une heure avant le lancement, a écrit ISRO sur Twitter au milieu de la nuit. Par
mesure de précaution particulière, le lancement de #Chandrayaan-2 a été
annulé pour aujourd’hui. La date du prochain lancement sera annoncée
ultérieurement. » De nombreux spectateurs enthousiastes, dont des
écoliers, s’étaient rassemblés pour assister au lancement nocturne, mais
ont donc vu leurs espoirs déçus.
Un report de quelques heures ou quelques mois ?
L’ISRO
n’a pas précisé la nature du problème. L’annonce du report est survenue
peu après le remplissage en hydrogène liquide du moteur cryotechnique
de la fusée GSLV-MkIII, le plus puissant lanceur indien, équivalent
d’une fusée européenne Ariane-4.
« A
mon avis, si le lancement ne se tient pas au cours des quarante-huit
prochaines heures, il pourrait être repoussé de plusieurs mois jusqu’à
ce que nous ayons une fenêtre de lancement opportune », a déclaré à
l’Agence France-Presse Ravi Gupta, ancien scientifique de l’agence
militaire Defence Research and Development Organisation (DRDO).
Utilisée
pour la première fois en 2017 pour un lancement d’un satellite, et une
deuxième fois en 2018, la fusée GSLV-MkIII est le fruit de décennies de
travail d’ingénieurs indiens et n’utilise que des technologies conçues
localement. Son moteur cryotechnique lui donne une capacité de
projection supérieure à celle des autres lanceurs de l’ISRO. La
technologie cryotechnique (ou cryogénique) repose sur l’association
d’oxygène et d’hydrogène à l’état liquide. Leur combustion produit des
gaz qui sont éjectés par la tuyère et assurent ainsi la propulsion. Ce
type de moteur est notamment utilisé par Ariane-5.
Premier vol habité prévu en 2022
New
Delhi a consacré 140 millions de dollars (124 millions d’euros) – un
montant bien inférieur à ceux des autres grandes agences spatiales pour
des missions de ce type – à Chandrayaan-2 (« Chariot lunaire » en
hindi). La mission se compose d’un orbiteur, d’un atterrisseur et d’un
rover, pour un poids total de 3,8 tonnes.
Cette
mission indienne s’inscrit dans un contexte de regain d’intérêt
international pour la Lune. L’homme, qui l’a foulée pour la dernière
fois en 1972, y prépare son retour. Le gouvernement américain a demandé à
la NASA d’y renvoyer des astronautes pour 2024. Le retour sur la Lune
est vu comme une étape incontournable de la préparation de vols habités
vers des destinations plus lointaines, au premier plan desquelles la
planète Mars.
Le projet
Chandrayaan-2 est la deuxième mission lunaire du géant d’Asie du Sud,
qui avait placé une sonde en orbite autour de la Lune au cours de la
mission Chandrayaan-1 il y a onze ans.
Le programme spatial indien s’est fait remarquer ces dernières années
en alliant ambition et sobriété budgétaire, avec des coûts
opérationnels bien inférieurs à ceux de ses homologues, ainsi que par sa
progression au pas de charge. L’ISRO compte d’ici à 2022 envoyer un équipage de trois astronautes dans l’espace,
ce qui serait son premier vol habité. Ses scientifiques travaillent
aussi à l’élaboration de sa propre station spatiale, attendue au cours
de la prochaine décennie.
Par