
Chaque fois que nous avons insisté sur le retour à la Fédération, comme solution idoine au problème
Qu’attendaient-ils donc ? Que les Anglophones prennent les armes pour
le fédéralisme ? Et pourquoi ? Le fédéralisme était une posture de
négociation qui coupait la poire en deux !
Mais il a été rejeté par le Gouvernement et ses partisans ont été mis en prison!
Mais il a été rejeté par le Gouvernement et ses partisans ont été mis en prison!
Pourquoi voulait-on qu’ils s’arrêtent au fédéralisme ? L’arrogance
suscite l’extrémisme : si votre épouse vous reproche votre mépris, elle
ne va pas indéfiniment se limiter à faire des bagarres à chaque insulte
que vous lui ferez ! Elle finira par prendre acte que vous êtes
incorrigible et va demander le divorce !
Et vous n’allez pas dire
qu’il s’agit de deux femmes différentes, l’une qui refusait les
insultes et l’autre qui demande le divorce ! C’est bien la même femme !
Les Sécessionnistes anglophones ne viennent pas du ciel, ni du Biafra
comme certains le diffusent partout : ce sont les Anglophones que nous
connaissons depuis longtemps ! Les BOOH Hebert, les AYUK et autres
Fieldmarshal LEKEAKEA sont des Camerounais qui ont travaillé au
Cameroun, en tant que patriotes, qui ont cru à la Nation camerounaise et
l’ont aussi aimée comme nous, mais qui ont changé.
Les hommes changent !
Oui, Dieu a créé des hommes pour changer en fonction des circonstances !
Les hommes ne sont pas des morceaux de bois qui avalent toutes les vicissitudes sans changer !
Les Anglophones qui avaient accepté venir avec le Cameroun plutôt
qu’avec le Nigeria sont les mêmes qui avaient voté pour l’Etat unitaire
en 1972. Mais ayant constaté que cet Etat unitaire était trop étouffant,
ce sont les mêmes Anglophones qui ont accepté la décentralisation en
1991.
Et ce sont les mêmes Anglophones qui, excédés par les
atermoiements et les retards pris par le Gouvernement, ont déduit que
seule, la restauration de la Fédération pouvait résoudre leur mal-être.
Mais lorsque, avec une brutalité absolument irrationnelle, le
Gouvernement a réprimé les Fédéralistes en déclarant que « la forme de
l’Etat n’est pas négociable », ce sont les mêmes Anglophones qui ont
pris les armes pour engager une féroce et sanglante lutte pour leur
libération.
Voilà la vérité !
Les Anglophones ont espéré
une Nation camerounaise originale, tirant son évolution de ses propres
référents historiques, sociologiques et géographique. Au lieu de cela,
le Gouvernement a voulu les transformer en une sous-colonie d’une
colonie française. Il a refusé de bâtir une Nation originale et
authentique pour se donner corps et âme à une France dont il copie les
institutions avec une fidélité maniaque.
Est-ce à ce genre de projet de nation que les Anglophones pouvaient adhérer?
Aucune intelligence dans l’approche des problèmes ! Comment peut-on
imaginer qu’au moment où les Anglophones réclament leur autonomie
confisquée, la seule chose solution que trouve le Gouvernement soit
d’aller consulter la France et récupérer ses remèdes de « statut spécial
» qu’elle applique à ses mouvements séparatistes (Corse,
Nouvelle-Calédonie, etc.) ?
Quel était le message ? Le Cameroun
est-il la France pour appliquer les « statuts spéciaux » ? C’est
exactement ce qu’il ne fallait pas faire ! Comment, bon Dieu ! a-t-on pu
proposer aux Anglophones le « statut spécial » de la France au moment
même où ils nous accusent de vouloir les embarquer dans une entreprise
de création d’une France tropicale ?
Non, non et non ! Le
Cameroun doit avoir sa voie dans son évolution et ne copier personne.
Notre pays est né fédéral, il doit demeurer fédéral.
Il n’y a
aucun débat à mener là-dessus ! La suppression de l’Etat fédéral fut une
faute, et la persistance dans l’Etat unitaire est une folie. C’est une
aventure qui n’est pas viable et qui va nous conduire à l’abîme.
Il faut rentrer à la Fédération de 1961 en l’actualisant sur la base de
nos référents historiques et mettre définitivement fin à cette
soumission de caniche au modèle français qui ne nous conduira nulle
part. Dans leur grande majorité, les Anglophones n’ont jamais voulu
quitter le Cameroun, puisque c’est eux-mêmes qui l’ont librement choisi
en 1961. Mais ils n’ont pas fait ce choix pour être phagocytés dans une
sorte de France tropicale.
Il ne faudrait pas qu’on ne leur donne
comme alternative que cette phagocytose ou la séparation, car à coup
sûr, ils choisiront la séparation.
Dieudonné ESSOMBA