
Alors que
l’essentiel des structures hospitalières suédoises avait adopté ce
traitement contre le
Covid-19, des doutes sur son efficacité et des
craintes sur les effets secondaires ont conduit à son quasi-abandon hors
essais cliniques.
Fin mars, l’hôpital de Sahlgrenska à
Göteborg a été le premier à annoncer qu’il arrêtait de prescrire la
chloroquine et l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19. « Je
pense que toutes les cliniques en Suède ont commencé à utiliser ce
traitement quand les premiers patients sont arrivés. A Göteborg, nous
étions très prudents depuis le début, explique Magnus Gisslén, professeur de maladies infectieuses et médecin à l’hôpital de Sahlgrenska.
Nous nous sommes rendu compte que les preuves d’efficacité étaient
faibles, mis à part une étude chinoise, cependant réalisée sans groupe
témoin, et l’étude française où l’hydroxychloroquine est combinée à
l’azithromycine, étude dont nous estimons qu’elle n’est pas suffisamment
bien faite pour démontrer l’efficacité. »
Ce
spécialiste souligne aussi les risques d’effets secondaires de ces
médicaments sur le cœur (troubles du rythme cardiaque) mais aussi au
niveau des reins. « Nous avons d’abord décidé de ne plus donner de
chloroquine aux patients souffrant d’insuffisance rénale, puis de ne
plus le donner du tout, même si nous n’avons pas constaté d’effets
secondaires chez nous. Des collègues, en Suède et à l’étranger, nous ont
fait part de cas suspicieux, même s’il est difficile de savoir si la
chloroquine était à l’origine des effets observés ou si c’était une
conséquence de la maladie. »
« Pas de conclusions solides »
L’agence suédoise du médicament, la Läkemedelsverket, contactée par Le Monde,
confirme avoir eu connaissance de quatre cas, dans lesquels des effets
secondaires ont été observés chez des patients atteints du Covid-19 et
traités à la chloroquine, en combinaison avec d’autres médicaments. Dans
plusieurs des cas, il s’agissait d’une anomalie mesurée à l’ECG
(« allongement de l’espace QT »). Un des patients, gravement malade, est
décédé. Mais « aucune relation n’a pu être établie pour le moment avec la chloroquine », précise l’Agence du médicament.
En
raison des nombreuses incertitudes concernant les effets secondaires
liés à la prise de chloroquine ou d’hydroxychloroquine, l’agence a
recommandé, le 2 avril, que leur utilisation soit limitée « pour le traitement du Covid-19 uniquement dans le cadre d’études cliniques ». Dans un communiqué, la Läkemedelsverket explique que « les
données disponibles actuellement ne permettent pas d’aboutir à des
conclusions solides concernant les effets cliniques et l’innocuité de la
chloroquine et de l’hydroxychloroquine dans le traitement de patients
atteints du Covid-19 ».
Si
l’hôpital Sahlgrensla a décidé, dès le 31 mars, d’arrêter de prescrire
l’hydroxycloroquine, d’autres ont suivi depuis, à commencer par le
Södersjukhuset à Stockholm. « Je pense que plus un seul hôpital n’utilise ces médicaments aujourd’hui, confie Magnus Gisslén.
La décision a été un peu controversée au début, mais rapidement,
l’agence du médicament est venue avec ses propres recommandations, ce
qui a convaincu ceux qui doutaient encore. »
Le Monde.fr