
Dans son
roman « L’Année du lion », paru en France en 2017, l’écrivain
sud-africain Deon Meyer
avait anticipé l’actuelle épidémie due au
coronavirus.
Une
voiture abandonnée sur une route déserte, un peu de nourriture périmée.
C’est dans cet environnement qu’un père et son fils, tous deux
survivants du « viruscorona » qui vient de décimer 95 % de la population
mondiale, sont attaqués par des chiens sauvages. Ainsi commence L’Année du lion,
un roman de Deon Meyer que la France a pris en 2017 pour un récit
postapocalyptique. Personne n’imaginait à l’époque que cette fiction
racontait déjà l’actuelle pandémie liée au coronavirus. Pas même son auteur.
L’écrivain
sud-africain avait pourtant fait valider scientifiquement que le
coronavirus était bien l’agent pathogène le plus dangereux pour la race
humaine et la planète. Il avait travaillé sur sa transmission et ses
conséquences sur nos sociétés mondialisées, du passage de l’animal à
l’homme à la contamination intercontinentale, en passant par la
fermeture des frontières ou les détournements de masques de protection,
devenus armes de cette drôle de guerre…
Trois
ans après la traduction du roman en français, la trame qui le
sous-tend, improbable hier pour une imagination moyenne, est devenue
réalité. Drôle de préfiguration ! Y compris pour Deon Meyer, qui s’est
replongé dans ses notes, lui-même un peu effrayé de découvrir que son
roman avait anticipé une catastrophe planétaire.
Une humanité décimée par un coronavirus, c’est le point de départ de L’Année du lion. Comment vous est venue cette idée ?
Pour être honnête, avec L’Année du Lion,
je voulais d’abord explorer notre monde après qu’un virus eut décimé la
population mondiale, et pas tant la pandémie elle-même. Il se trouve
que les récits de l’expérience chaotique des personnages durant la
pandémie n’ont cessé de s’inviter dans le livre, ce qui m’a obligé à
faire des recherches sur la nature des pandémies et à essayer d’imaginer
ce que ce serait de vivre une telle situation.
Pour
mettre en scène ce monde fictif postapocalyptique que je voulais, je
devais tuer 95 % de la population mondiale mais laisser toutes les
infrastructures intactes. Mes recherches pour le roman ont été faites
après l’apparition de la grippe aviaire H5N1 de 1996 et de la grippe
porcine H1N1 de 2009-2010. Ces deux crises terrifiantes, ainsi que les
épidémies récurrentes d’Ebola en Afrique, m’ont donné l’idée d’explorer
la possibilité qu’un virus soit à l’origine de l’apocalypse dont j’avais
besoin.
Alors j’ai commencé
à chercher un expert de classe mondiale en matière de virus et je suis
tombé sur le professeur Wolfgang Preiser, chef du département de
virologie médicale de l’université de Stellenbosch.