La demande d’aide financière au gouvernement britannique par l’homme d’affaires pour sauver sa compagnie aérienne Virgin Atlantic passe mal auprès de l’opinion publique.
«Pour vivre riche et heureux, vivons caché.» Cet adage, un peu
trafiqué, n’a jamais plu à Richard Branson. Le milliardaire britannique
de 69 ans a toujours préféré la lumière et les sensations fortes. Sur
Twitter, il se présente comme un «aventurier allergique aux cravates, philanthrope et fauteur de troubles».
Dans les années 90, alors qu’il développait son empire touche-à-tout,
et notamment à l’aviation avec Virgin Atlantic, il était le flamboyant
et excentrique entrepreneur britannique, à l’ego surdimensionné mais aux
coups médiatiques réussis.
Blond décoloré, la longue silhouette
dégingandée, il incarnait la meilleure publicité de son groupe. On l’a
vu déguisé en hôtesse de l’air avec uniforme sexy et rouge à lèvres
assorti ou à bord d’une énorme montgolfière pour tenter un tour du monde
sans escale (raté). Sur Twitter, il promeut ses divers investissements,
dans les hôtels, les voyages, la banque, les transports, la santé et
même les voyages dans l’espace.
Île et exil
De temps en
temps, il distille aussi ses conseils avisés sur comment équilibrer sa
vie professionnelle et privée. La dernière fois, c’était le 2 mars. «Pourquoi je pense qu’il n’y a jamais eu de meilleur moment pour être un entrepreneur et lancer un business», disait-il. Une
photo le montre assis sur une terrasse, au bord d’une somptueuse
piscine, avec, en arrière-plan, la mer bleu azur. L’endroit paradisiaque
est son domicile, sur Necker Island, une île des Caraïbes
de 90 hectares au sein de l’archipel des îles Vierges Britanniques,
qu’il a achetée en 1980.
Il a même enregistré une vidéo où
il narre comment il équilibre sa vie, entre parties de tennis,
kite-surf et télétravail sur la terrasse ou directement dans son bain,
avec vue sur mer. «Moi et ma femme n’avons pas quitté le Royaume-Uni
pour des raisons d’évasion fiscale mais pour notre amour des îles
Vierges britanniques et particulièrement de Necker Island», a-t-il souvent expliqué. Même s’il a aussi reconnu que, de fait, il était devenu un «exilé fiscal».
Ces
derniers jours, Richard Branson est occupé à négocier une aide de 500
millions de livres sterling (572 millions d’euros) auprès de l’Etat pour
sauver Virgin Atlantic, dont il détient 51% (la compagnie américaine
Delta possède les 49% restants et est occupée à se sauver elle-même). La
réponse du gouvernement britannique est, pour le moment, un catégorique
«non».
«Laissez-les faire faillite»
Selon le magazine Forbes, Richard Branson est classé 312e
fortune mondiale, à la tête d’environ 4 milliards de livres (4,5
milliards d’euros). Il a versé dans sa compagnie en difficulté 250
millions de livres, s’est fendu d’une lettre aux employés pour expliquer que sa fortune repose sur des biens et «pas sur un compte en banque d’où du cash peut être retiré immédiatement».
Il a même proposé comme caution sa précieuse île, où l’on peut
séjourner pour la modique somme de 6 000 à 10 000 euros la nuit (avec un
minimum de trois nuitées).
Mais, auprès de l’opinion publique
confinée ailleurs que sur une île paradisiaque, sa demande passe mal.
L’époque n’est plus à la flamboyance. D’autant qu’en 2009, pendant la
crise financière, lorsque British Airways avait demandé une aide de
l’Etat, Richard Branson était intervenu vigoureusement. «Le gouvernement ne devrait pas les aider, laissez-les faire faillite», avait-il alors dit dans une interview à la chaîne américaine CNBC.
Par Liberation.fr