
Au Cameroun, les défenseurs des droits humains veulent profiter de la
vague de contestation qui a
suivi l'annonce de la mort du journaliste
Samuel Wazizi lors de sa détention par des militaires, pour dénoncer
l'impunité.
Le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) lance
ce lundi une campagne en ligne, associant les organisations des autres
pays d'Afrique centrale et demandant le soutien des organes des Nations
unies, de l'Union africaine et des diplomates étrangers. Parmi les cas
cités : des exécutions sommaires dans un village du nord en juillet
2018, la disparition le mois suivant de Franklin Mowha, membre du Redhac
à Kumba, ou encore le massacre de Ngarbuh le 14 février 2020.
Il
est temps que les enquêtes soient approfondies, estime Maximilienne Ngo
Mbe. Pour la directrice exécutive du Redhac, la justice camerounaise ne
doit pas se limiter à juger les exécutants, mais aussi les
commanditaires : « Le but de la campagne, c’est parce que nous avons fait un constat depuis les bébés qui ont été assassinés dans l’Extrême-Nord,
l’affaire de Gambo, et maintenant Wazizi. Et le but de la campagne,
c’est d’abord de demander que dans les prochaines enquêtes, il y ait des
membres des associations bien connues qui travaillent sur ces
questions. Cela est la première chose. La deuxième chose, c’est de faire
à ce que des commanditaires soient mis à nus parce qu’il faut qu’on
arrive à prouver la responsabilité des commanditaires, à donner leur
nom. De plus en plus, on va voir que, si les commanditaires ne sont pas
poursuivis, s’ils ne sont pas punis, ils vont toujours par derrière
faire ce qu’ils font, c’est-à-dire mettre leurs exécutants devant et
c’est les exécutants qui vont payer. Nous craignons que la vague des
exécutions sommaires, de disparitions forcées, d’arrestations
arbitraires et d’exécutions au stade judiciaire ne pourront pas finir.
Il faut castrer cette chaîne-là. »
Maximilienne Ngo Mbe salue
par ailleurs la mise en place annoncée d'une commission d'enquête sur
la mort de Samuel Wazizi, mais souhaite que la famille et la société
civile y soient associées. C'est aussi le point de vue de maître
Emmanuel Nkea, un des avocats de la famille Wazizi, qui demande que la
famille soit représentée dans cette commission promise vendredi par le
président Biya à l'ambassadeur de France. Les syndicats de journalistes,
de leurs côtés, organisent des manifestations mardi pour demander la
formalisation de cette commission, et à y être représentés, au moins par
un avocat pour s'assurer de son indépendance.
Par
RFI