
Ce document, pas encore voté, prévoit la création d’un bureau chargé de collecter des renseignements
Un pas de plus vers la reprise en main de
Hongkong par la Chine. Samedi 20 juin, l’agence de presse Chine
nouvelle a diffusé le texte d’un projet de loi préparé par le Parlement
chinois visant à instituer un « organe de sécurité nationale » dans l’ancienne colonie britannique. Le principe de cette loi avait été adopté fin mai
par la session plénière annuelle de l’Assemblée nationale populaire
(ANP, le Parlement chinois), qui a donné mission à son comité permanent
de rédiger un projet de loi. C’est ce texte qui a été diffusé samedi par
Chine nouvelle.
Reprise en main
Ce
document, pas encore voté, prévoit la création d’un bureau chargé de
collecter des renseignements et de traiter les infractions portant
atteinte à la sécurité nationale, présidé par le chef de l’exécutif
hongkongais. Pékin affirme que la loi vise à lutter contre les activités
séparatistes, les activités subversives, le terrorisme et la collusion
avec les forces étrangères. Mais les prodémocratie redoutent que cette
loi sécuritaire ne soit un moyen de les réduire au silence et de
circonscrire la liberté des citoyens hongkongais, jusqu’ici préservée
par les statuts organisant la rétrocession du territoire à la Chine
en 1997. D’autant que l’actuelle chef de l’exécutif hongkongais, Carrie
Lam, censée prendre la tête de ce bureau, est dénoncée par ses
adversaires comme une marionnette de Pékin.
Autre
nouveauté du texte : celui-ci prévoit qu’en cas de conflit législatif
la nouvelle loi de sécurité, qui doit être rédigée par le comité
permanent de l’ANP primerait sur les textes en vigueur dans l’ancienne
colonie britannique.
La communauté internationale vigilante
Dans un communiqué, les puissances du G7 ont appelé, cette semaine, Pékin à revenir sur ce projet, un appel rejeté « fermement »
jeudi par le gouvernement chinois. Dès l’annonce de ce projet de loi,
l’administration de Donald Trump avait ouvert la voie à des sanctions
économiques contre Hongkong. « Aucune personne sensée ne peut soutenir aujourd’hui que Hongkong conserve un haut degré d’autonomie par rapport à la Chine », avait déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo le 27 mai. Le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie avaient également réagi, estimant dans un communiqué commun que ce vote « entre en contradiction directe » avec la convention signée en 1984, « légalement contraignante et enregistrée auprès de l’ONU ».
Perdre
le statut commercial préférentiel de Hongkong grèverait durablement
l’économie chinoise, malgré le poids, désormais, modeste du territoire à
l’échelle de la Chine (0,5 % de sa population et 2,7 % de son PIB). Car
sa place financière joue un rôle essentiel
comme porte d’entrée et de sortie pour les capitaux du pays, que ce
soit pour les grandes entreprises chinoises, cotées à la Bourse de
Hongkong, ou pour les familles les plus riches, qui y stockent une
partie de leur fortune.
Aucune date n’a été fournie pour l’adoption du texte, mais Chine nouvelle a précisé que le projet serait « prochainement » finalisé.