Le mot prononcé par Imran Khan a immédiatement déclenché l’indignation des opposants et
des défenseurs des droits de l’Homme
C’est une déclaration qui ne devrait pas lui enlever le sobriquet
répandu dans son pays de « Taliban Khan ». Le Premier ministre
pakistanais Imran Khan a en effet déclaré jeudi que l’ancien chef
d’Al-Qaïda Oussama ben Laden, tué le 2 mai 2011 par les forces spéciales
américaines, est mort en « martyr ». Le discours fait devant
l’Assemblée nationale, où il a mentionné les relations compliquées entre
Islamabad et Washington après le raid américain, a provoqué une vague
de réactions hostiles dans le pays.
« Le monde entier nous a insultés »
« Après cela, le monde
entier nous a insultés (…). Notre allié tue quelqu’un dans notre pays
sans même nous en informer », a expliqué le Premier ministre, qualifiant
ces faits d'« humiliation » pour de nombreux Pakistanais. Mais tous les
Pakistanais ne semblent pas avoir la même lecture des événements.
Opposants et défenseurs des droits de l’Homme ont immédiatement fait
part de leur indignation. « Imran Khan a truqué l’histoire », a réagi
Khawaja Asif, le ministre des Affaires étrangères du précédent
gouvernement, devant le parlement. « Les musulmans du monde entier se
battent contre la discrimination qu’ils subissent en raison du
terrorisme récent. Et notre Premier ministre aggrave la situation en
qualifiant OBL [Oussama ben Laden] de martyr de l’Islam », a tweeté
Meena Gabeena, une défenseure des droits de l’Homme.
Afin de faire
retomber la pression, le ministre des Technologies, Fawad Chaudhry, a
trouvé une voie originale. Selon lui, « la langue [du Premier ministre]
avait fourché ».
Les services de renseignements pakistanais savaient-ils ?
Pendant
des années, le Pakistan a officiellement nié savoir que le fondateur
d’Al-Qaïda se cachait sur son territoire jusqu’à ce qu’il soit abattu
lors d’un raid nocturne sur une ville de garnison au Nord d’Islamabad.
Cela a suscité des allégations de collusion entre les autorités et
Al-Qaïda. En 2019, Imran Khan avait toutefois déclaré lors d’un voyage
aux États-Unis que le renseignement militaire pakistanais avait fourni à
Washington une piste qui avait permis de débusquer Ben Laden. Asad
Durrani, ex-directeur du renseignement militaire, a également déclaré
sur Al Jazeera en 2015 que cette agence savait probablement où le
cerveau du 11-Septembre se cachait et espérait l’utiliser comme monnaie
d’échange avant qu’il ne soit tué.
Par 20 Minutes avec AFP