Donald Trump a annoncé des sanctions économiques pour dissuader
la juridiction de
poursuivre des militaires américains pour leur
implication dans le conflit afghan.
Il est déjà engagé dans une offensive sans précédent contre la Cour pénale internationale. Donald Trump
a encore haussé le ton jeudi en annonçant des sanctions économiques
pour dissuader la juridiction de poursuivre des militaires américains
pour leur implication dans le conflit en Afghanistan.
"Le président a autorisé des sanctions économiques contre des
responsables de la Cour pénale internationale qui prendraient part
directement à tout effort pour enquêter sur des militaires américains,
ou pour les inculper, sans le consentement des États-Unis", a annoncé la
Maison Blanche dans un communiqué.
"Nous ne pouvons pas rester
les bras croisés pendant que nos gars sont menacés par un tribunal bidon
et nous ne le ferons pas", a ensuite martelé Mike Pompeo. Le chef de la
diplomatie américaine s'est affiché devant les caméras avec ses
collègues de la Défense et de la Justice ainsi que le conseiller
présidentiel à la sécurité nationale, lors d'une démonstration de force
médiatique.
"Une série d'attaques sans précédent" pour la CPI
Il
s'agit d'une riposte directe à la décision en appel prise en mars par
la juridiction qui siège à La Haye, aux Pays-Bas, d'autoriser
l'ouverture d'une enquête pour crimes de guerre et crimes contre
l'humanité en Afghanistan malgré l'opposition de l'administration Trump.
À la différence de Kaboul, Washington n'est pas membre de la CPI. La
Cour est régie par le Statut de Rome, un traité entré en vigueur en 2002
et ratifié depuis par plus de 120 pays.
La CPI
a déploré "une série d'attaques sans précédent" à son encontre,
soulignant son indépendance. "Ces attaques constituent une escalade et
une tentative inacceptable de porter atteinte à l'État de droit et aux
procédures judiciaires de la Cour", a-t-elle ajouté. Le président de
l'assemblée des États parties de la CPI, le juge O-Gon Kwon, a lui
rejeté par avance les sanctions, qui "entravent notre effort commun pour
combattre l'impunité".
Le chef de la diplomatie européenne Josep
Borrell a estimé que le décret américain autorisant des sanctions était
"un sujet de très grande préoccupation". Il a aussi réitéré le "soutien"
de l'Union européenne à la juridiction. "Cette attaque contre la CPI
vise à nier toute justice pour les victimes de crimes graves en
Afghanistan, en Israël ou en Palestine", a également déploré Andrea
Prasow, de l'organisation Human Rights Watch.
Allégations de torture
L'enquête
souhaitée par la procureure de la Cour, Fatou Bensouda, vise entre
autres des exactions qui auraient été commises par des soldats
américains dans le pays où les États-Unis mènent depuis 2001 la plus
longue guerre de leur histoire. Des allégations de tortures ont
également été formulées à l'encontre de la CIA. Les juges de la CPI
avaient dans un premier temps refusé d'autoriser cette enquête après une
première menace de sanctions inédite de Washington.
Le président Trump
a également autorisé jeudi l'extension des restrictions de visas contre
ses responsables et les membres de leur famille. Le visa américain de
la procureure Fatou Bensouda avait déjà été révoqué après les premières
menaces de sanctions des États-Unis.
"Les actes de la Cour pénale
internationale constituent une attaque contre les droits du peuple
américain et menacent d'empiéter sur notre souveraineté nationale", a
lancé la Maison Blanche, dénonçant en outre "la corruption" aux "plus
hauts niveaux" du tribunal de La Haye.
L'opposition farouche
de Washington concerne aussi les enquêtes "motivées politiquement"
contre Israël, qui pourrait faire l'objet d'investigations pour crimes de guerre
en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le Premier ministre israélien
Benjamin Netanyahu a aussitôt salué la décision de son "ami" Donald
Trump. Il a dénoncé une cour "politisée" qui mène "une chasse aux
sorcières contre Israël et les États-Unis" mais "ferme les yeux sur les
pires fossoyeurs des droits humains au monde parmi lesquels le régime
terroriste en Iran".
Dramatisant l'enjeu, le ministre américain de
la Justice Bill Barr a lui accusé "des puissances étrangères comme la
Russie" de "manipuler" la CPI "pour servir leurs propres intérêts". "Les
États-Unis continueront à avoir recours à tous les moyens nécessaires
pour protéger leurs citoyens et nos alliés contre des inculpations
injustes", a mis en garde la Maison Blanche.
Par lexpress.fr