Dénonçant leurs manquements, le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la
paix 2018, a annoncé
mercredi avoir démissionné de ses fonctions au sein
des instances de lutte contre la propagation du coronavirus dans
le Sud-Kivu, en République démocratique du Congo.
Le gynécologue congolais et prix Nobel de la paix Denis Mukwege
a annoncé, mercredi 10 juin, avoir démissionné de ses fonctions au sein
de la Commission Santé mise en place dans le cadre de la riposte contre
la pandémie de Covid-19 dans la province du Sud-Kivu (dans l'est de la
République Démocratique du Congo), dont il a dénoncé les manquements.
"Nous
sommes (...) au début d'une courbe exponentielle épidémiologique et
nous ne pouvons plus appliquer une stratégie qui serait uniquement
préventive", explique dans un communiqué le Dr Mukwege, récompensé par
le Prix Nobel de la Paix 2018 pour les soins qu'il apporte aux femmes victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo (RDC).
"J'ai
donc décidé de démissionner (...) afin de me consacrer entièrement à
mes responsabilités médicales et de soigner cet afflux de malades à
l'hôpital de Panzi" qu'il a fondé à Bukavu, capitale du Sud-Kivu, écrit
encore Denis Mukwege, surnommé "l'homme qui répare les femmes".
"Une série de problèmes qui "ont diminué l'efficacité de notre stratégie"
Le
30 mars dernier, le gouverneur du Sud-Kivu l'avait nommé président et
vice-président de deux instances officielles mises sur pied pour
organiser la riposte à la pandémie de coronavirus dans la province.
Le
Dr Mukwege déplore l'absence de tests disponibles dans la province et
le non-respect des mesures de prévention. Il faut "plus de deux semaines
pour recevoir les résultats des prélèvements envoyés à (...) Kinshasa",
ce qui représente "un handicap majeur pour notre stratégie basée sur
'tester, identifier, isoler et traiter'".
Denis Mukwege pointe
aussi une série de problèmes qui "ont diminué l'efficacité de notre
stratégie" : "un relâchement des mesures de prévention par notre
population, un déni des réalités, l'impossibilité de faire respecter les mesures barrières,
la porosité de nos frontières avec le retour massif de milliers de
compatriotes venant de pays voisins sans avoir été mis en quarantaine".
Enfin,
il dénonce des "faiblesses organisationnelles et de cohérence entre les
différentes équipes responsables de la riposte à la pandémie dans le
Sud-Kivu".
Depuis le 10 mars, la RDC a déclaré 4 390
contaminations au Covid-19, dont 3 980 à Kinshasa et 89 au Sud-Kivu,
pour un total de 96 décès.
Mi-avril, Denis Mukwege avait
plaidé pour un "confinement partiel des personnes âgées de plus de 60
ans" et "le port obligatoire de masque pour tout le monde" afin de
rompre la chaîne de transmission du coronavirus.
Le 9 mai, le
médecin avait appelé à "un approvisionnement en urgence en tests, avant
le déclenchement de la courbe exponentielle épidémique" du virus.
Par France 24 Avec AFP