Expatriés en Australie, ils ont été reconfinés. Voici comment ils l’ont vécu
Comment supporter un deuxième
confinement ? Les habitants et habitantes de Melbourne, en Australie,
ont été obligés de restreindre leurs déplacements à nouveau. Quatre
d’entre eux expliquent pourquoi il peut être plus dur à vivre que le
premier.
« Je prends ce deuxième confinement comme une punition »
« À la fin du premier confinement, nous avions doucement réappris à vivre »,
se souvient, presque nostalgique, Chrystelle Balcon, une Bretonne
installée à Melbourne depuis 11 ans. Après huit semaines chez elle,
cette jeune maman de 34 ans pouvait enfin retourner dans les parcs,
s’asseoir dans des restaurants, boire des cappuccinos en terrasses… « Et puis, presque du jour au lendemain, on nous dit qu’il faut se reconfiner pour 6 semaines », raconte-t-elle.
Une liberté ôtée très vite, trop vite. « C’est vraiment beaucoup plus dur cette fois-ci, confie-t-elle.
Le premier confinement, je l’ai pris comme une chance de profiter des
plaisirs de la vie sans se soucier du stress quotidien. Ce deuxième
confinement je le prends comme une punition : comme si on nous retire
des privilèges car nous n’avions pas fait un bon boulot contre ce
virus », poursuit cette travailleuse en développement informatique.
« En mode survie »
« Forcément, ce deuxième confinement met un petit coup au moral »,
abonde Alexiane, étudiante arrivée en Australie en avril 2019. La jeune
française de 25 ans devait travailler dans un food truck pour le Grand
Prix de Melbourne.
« Tout a été annulé lors du premier
confinement. On pensait relancer l’activité à l’issue des premières
restrictions mais rebelote, il y a eu le deuxième confinement »,
regrette-t-elle, précisant que cette mesure est tout de même moins
stricte qu’en France, sans attestation de déplacement par exemple.
« Par chance », elle peut tout de même travailler un peu et son patron, un Français lui aussi, a accepté de la loger gratuitement.
« On venait juste de relancer l’activité »
Étudiant en business et habitant en Australie depuis 4 ans, Alexis Charbonnier est depuis le confinement « en mode survie ». Ses
séances de coachings sportifs ont été fortement réduites à cause du
premier puis du deuxième confinement. Son compte en banque se vide.
« Pendant
le premier confinement, c’était vraiment difficile financièrement. Je
n’avais presque plus un seul revenu mais toujours mon loyer et mon école
à payer. Puis, une fois cette dure période passée, j’ai pu refaire des
séances individuelles avec des clients », explique-t-il au téléphone depuis Melbourne.
Les 1 000 à 1 200 dollars de salaire touchés par semaines aidaient à payer les frais courants. « La vie repartait, c’était super. Et puis, les quartiers autour de Melbourne ont recommencé à fermer un par un. »
Les deux salles de gym où il travaille normalement recevaient des coups
de fil de clients leur demandant s’ils étaient ouverts le lendemain. « Et
là, on a appris qu’on repartait pour au moins six semaines. Je me suis
dit que ce n’était pas possible, on venait juste de relancer
l’activité », se remémore le jeune homme.
« Rien ne dit qu’on ne sera pas confinés une troisième fois »
Depuis,
celui qui s’apprête à célébrer son 25e anniversaire confiné continue à
faire quelques coachings personnalisés, qui lui rapportent quelques
centaines de dollars. Un salaire qu’il dépense avec la plus grande
prudence, après avoir négocié à la baisse les frais de son école et son
loyer.
« On gagne à nouveau un peu d’argent avec ma copine mais
on est partis pour refaire extrêmement attention à ce qu’on dépense, au
niveau mental c’est très difficile. J’ai envie de rentrer en France », souffle-t-il. « Quand
les six semaines de confinement seront terminées, je pourrais sans
doute retourner au travail. Mais pour combien de temps ? Rien ne dit
qu’on ne sera pas confinés une troisième fois », redoute-t-il.
« C’est plus compliqué de respecter les mesures »
Pour
Claire Courtel, le plus difficile dans ce deuxième confinement a été la
nouvelle fermeture des écoles. Maman de deux enfants âgés de 10 et 7
ans, cette femme originaire de la banlieue nantaise, à Melbourne depuis
17 ans, a perdu son travail de ressources humaines dans l’industrie
aéronautique.
« Retrouver un nouvel emploi sans rencontrer personne et avec deux enfants à la maison, ça m’enchante beaucoup moins », explique-t-elle depuis la maison individuelle qu’elle partage également avec son mari en banlieue de Melbourne.
Louen et Alice, les enfants de Claire Courtel, en train de faire leur travail d’écoliers à domicile. (Photo : Claire Courtel)
Contrairement
au premier confinement, elle a d’ailleurs autorisé son garçon à jouer
avec l’enfant du voisin, sur le trottoir. Il le fallait. « On s’est dit qu’on allait faire une exception pour la santé mentale des enfants.
C’est trop dur pour tout le monde. J’avoue que j’ai de plus en plus de
mal à ne voir personne. C’est plus compliqué de respecter les mesures », reconnaît-elle, expliquant remarquer de plus en plus de personnes dans la rue.
Et, pour elle, ce confinement est d’autant plus compliqué car il est localisé. « Le
premier confinement était généralisé partout en Australie et dans de
nombreux pays du monde. Là, j’ai vraiment l’impression d’être
prisonnière. Voir les gens d’un autre État australien ou de France à la
plage ou au restaurant pendant que je suis coincée dans ce deuxième
confinement, ça fait mal au cœur », conclut-elle.