
Un influent sénateur républicain a joint samedi sa voix à celles des
démocrates pour dénoncer comme
un acte de "corruption" grave la décision
de Donald Trump, la veille, de commuer la peine de son ami de longue
date Roger Stone.
Le sénateur républicain Mitt Romney, régulièrement critique de Donald
Trump, est le premier membre influent du parti présidentiel à s'élever
publiquement contre cette décision.
"Corruption historique, sans
précédent: un président américain commue la peine de prison d'une
personne condamnée par un jury pour avoir menti afin de protéger ce même
président", a tweeté Mitt Romney, ancien candidat républicain à la
présidentielle de 2012.
Le sénateur de l'Utah est le seul membre
du Grand Old Party à avoir voté en février en faveur de la destitution
de Donald Trump dans le cadre de l'affaire ukrainienne.
Roger
Stone avait été reconnu coupable en novembre d'avoir menti au Congrès et
de subornation de témoin dans le cadre de l'enquête sur de possibles
liens entre l'équipe de campagne de Trump et la Russie lors de la
présidentielle de 2016.
Conseiller politique de Trump par
intermittence depuis plus de 20 ans, connu pour son style sulfureux et
son tatouage de Richard Nixon dans le dos, le sexagénaire haut en
couleur avait été condamné à passer 40 mois derrière les barreaux.
Il avait fait appel mais devait commencer à purger sa peine la semaine prochaine.
Mais
Donald Trump n'avait jamais caché sa volonté d'épargner la prison à son
ancien conseiller. "Roger Stone a été la cible d'une chasse aux
sorcières qui n'aurait jamais dû avoir lieu", a-t-il encore affirmé dans
un tweet samedi matin.
"Victime du canular russe perpétré par la
gauche et ses alliés dans les médias", Roger Stone est dorénavant "un
homme libre", avait fait savoir vendredi la Maison Blanche.
L'intéressé s'est déclaré "incroyablement honoré" de cet "acte de clémence" présidentiel.
"Deux justices"
Depuis, les démocrates crient au scandale.
"La
décision de Donald Trump de commuer la peine de son conseiller de
campagne Roger Stone (...) est un acte de corruption stupéfiant", a
déclaré vendredi la cheffe des démocrates au Congrès américain, Nancy
Pelosi.
"Le Congrès va prendre des mesures pour empêcher ce genre
de méfait éhonté", a-t-elle poursuivi dans un communiqué. "Nous avons
besoin de légiférer pour s'assurer qu'aucun président ne puisse gracier
ou commuer la peine d'un individu impliqué dans une campagne de
dissimulation pour protéger ce même président de poursuites pénales."
L'élu
démocrate Adam Schiff, qui menait l'équipe des procureurs lors du
procès en destitution du président, a pour sa part estimé: "Avec Trump,
il y a dorénavant deux systèmes de justice aux Etats-Unis: un pour les
amis malfaiteurs de Trump, et un pour tous les autres".
Roger
Stone fait partie des six membres de l'entourage, plus ou moins proche,
du milliardaire new-yorkais a avoir été inculpés ou condamnés dans le
sillage de l'enquête russe.
Se décrivant lui-même comme "un
habitué des coups fourrés", il a été reconnu coupable d'avoir menti au
Congrès sur ses contacts avec l'organisation WikiLeaks au sujet
d'e-mails démocrates piratés lors de la campagne de 2016.
Les procureurs avaient démontré qu'il avait menti et intimidé des témoins pour protéger Donald Trump de l'embarras.
Le
président était intervenu pendant la procédure judiciaire en
critiquant, dans des tweets, les recommandations initiales des
procureurs chargés d'instruire cette affaire. Ceux-ci, sur lesquels
Donald Trump avait été accusé de faire ainsi pression en bafouant la
séparation des pouvoirs, s'étaient récusés, et la recommandation de
peine du ministère de la Justice avait été revue à la baisse.
Le
président avait aussi contesté les méthodes du FBI lors de l'arrestation
de Roger Stone, par des hommes lourdement armés devant les caméras de
CNN, ainsi que l'équité de son procès.
Par Le Point.fr et AFP