Entre 5 à 10% des personnes ayant eu le coronavirus souffrent d’une forme longue, soit parce qu’ils n’ont jamais guéri, soit parce que des symptômes sont revenus après une pause. Que sait-on de cette version longue durée du Covid-19 ?
“Pour
l’instant, on ne sait pas grand chose”. Si plusieurs aspects du
coronavirus commencent à s’éclaircir pour les scientifiques, les
chercheurs et les médecins, après des mois de travail et d’observation,
la version longue de la maladie reste encore bien obscure. “On ne
comprend pas encore comment ça fonctionne”, résume Gérald Kierzek,
médecin urgentiste, chroniqueur chez LCI/TF1 et auteur de Coronavirus - Comment se protéger ? 50 questions-réponses.
Depuis
plusieurs mois, les témoignages de patients ayant toujours des
symptômes des mois après avoir contracté le virus affluent. Bien
souvent, les examens ne révèlent pourtant pas d’anomalie. L’OMS a évoqué
pour la première fois la forme longue durée du Covid-19 lors d’une
conférence le 22 juin dernier. “Certaines personnes ont des symptômes
persistants, comme une toux sèche au long cours, de la fatigue ou le
souffle court en montant des marches”, expliquait l’épidémiologiste
américaine Maria Van Kerkhove.
Selon
le docteur Nicolas Barizien, chef du service de réadaptation
fonctionnelle de l’hôpital Foch de Suresnes, 5 à 10% des personnes ayant
attrapé le coronavirus souffriraient de symptômes persistants. Mais il
reste encore énormément d’inconnues sur le sujet.
Quels sont les symptômes ?
À
commencer par les symptômes. Difficile d’en dresser une liste
exhaustive tant ils semblent varier. “Certains ont perdu l’odorat et ne
l’ont pas récupéré des mois après, d’autres ont des sensations
d’étouffement, de brûlure au niveau de la gorge, des acouphènes, des
douleurs dans les jambes, une grosse fatigue, il y a même des symptômes
neurologiques avec désorientation et perte de mémoire”, énumère Gilles
Besnainou, ORL à Paris.
Gérald
Kierzek distingue deux catégories de symptômes. D’un côté, les
séquelles que l’on peut “objectiver avec des examens”. Il s’agit des
séquelles pulmonaires, liées à une pneumonie ou une embolie, qui se
manifestent sous forme d’insuffisance respiratoire ou d’essoufflement.
Ou encore des séquelles cardiaques, qui entrainent des douleurs
thoraciques, des modifications électriques, voire une insuffisance
cardiaque. Parfois, “la cause n’a pas été diagnostiquée sur le coup,
mais les symptômes persistants et les examens permettent de les
identifier dans un second temps”, précise-t-il.
Il
existe aussi d’autres séquelles, plus subjectives, qui pourraient être
“des phénomènes post-infectieux, inflammatoires ou peut-être même
auto-immuns - c’est-à-dire que le système immunitaire se retourne contre
l’organisme”, décrit l’urgentiste, “mais on n’a pas d’examen qui
permette de dire s’il y a effectivement quelque chose. Il va donc y
avoir beaucoup d’errance de diagnostic et pas de solution
thérapeutique”.
De
son côté, Nicolas Barizien, chef du service de réadaptation
fonctionnelle de l’hôpital Foch, distingue d’un côté les “Covid longs”,
ceux qui n’ont jamais guéri. Et de l’autre, les “post-Covid”, qui ont
guéri, mais qui “au bout de six semaines environ, ont vu les symptômes
revenir”, détaille le médecin.
Pourquoi autant d’organes différents peuvent être touchés ?
Le
Covid-19 - qu’il s’agisse de sa version courte ou longue - peut
affecter différents organes, mais il n’existe aucune certitude, pour
l’heure, sur l’origine de ces symptômes. “On n’a pas l’explication
physiopathologique, c’est-à-dire qu’on n’a pas trouvé ce qui était abîmé
et causait les dérèglements”, nous explique le spécialiste en médecine
physique et de réadaptation, Nicolas Barizien. “Pour l’instant, on ne
sait pas pourquoi les symptômes reviennent chez certains patients”,
poursuit-il.
“Il
peut y avoir un processus d’hypercoagulabilité des vaisseaux, qui
pourrait expliquer que le virus touche beaucoup d’organes”, avance de
son côté Gilles Besnainou.