
Si les sondages prédisent depuis plusieurs semaines
une défaite pour l'actuel président des États-Unis en novembre prochain,
les bookmakers font le pari inverse. Comme il y a 4 ans.
Les
sondages sont à sens unique et donnent systématiquement Joe Biden
vainqueur de l'élection présidentielle américaine, mais la cote de
Donald Trump remonte en flèche chez les parieurs... tout comme en 2016.
Mal
en point fin juillet, le chef de l'Etat américain est désormais au
coude-à-coude avec le candidat démocrate, voire même favori chez
quelques bookmakers britanniques ou australiens.
Parier
100 dollars sur Donald Trump aujourd'hui rapporterait environ 190
dollars (en comptant la mise) en cas de victoire du candidat
républicain, le rapport étant sensiblement le même pour son concurrent.
"Il n'y a aucun doute que le vent a tourné en faveur du président Trump", affirme Rupert Adams, porte-parole de la maison britannique William Hill, qui a déjà accepté près d'un million de livres (1,32 million de dollars).
Plus "effrayant" et moins "marrant" qu'en 2016
Outre
la victoire finale, Paddy Power propose aussi de miser sur la
possibilité qu'un aéroport mexicain se rebaptise Donald Trump ou que le
chef de l'Etat américain fasse repeindre la Maison Blanche couleur or.
Mais l'intérêt pour ces paris fantasques a un peu décru reconnaît Lee
Price. "Trump est moins farfelu, bizarre ou marrant", qu'il ne l'était
auparavant aux yeux du public, "et davantage effrayant, semble-t-il".
Matthew
Collins, consultant australien de 29 ans, a placé 21 paris différents
avant la convention républicaine, la presque totalité sur Donald Trump,
vainqueur final, mais aussi gagnant dans plusieurs Etats, pour environ
20.000 dollars australiens, somme qu'il avait gagné grâce à un pari sur
le ticket Biden/Harris côté démocrate.
Pour celui qui se décrit comme de gauche, l'accélération du candidat Trump est en partie liée à la convention républicaine, qui s'est tenue fin août, juste après son équivalent démocrate. "Les républicains ont donné l'impression qu'ils aimaient l'Amérique. (...) Je n'ai pas entendu ça chez les démocrates, donc je pense que leur message ne passe pas."
Le facteur Covid-19 moins présent
Nick
Freiling, qui a parié 300 dollars sur une victoire de Donald Trump dans
le Minnesota, rappelle qu'il est classique que l'écart se resserre à
l'approche du scrutin.
Autre facteur, selon lui, le Covid-19, qui a
valu au président en exercice d'être sévèrement critiqué pour sa
gestion de la crise, "n'est plus aussi présent dans nos esprits et les
gens sont moins énervés, en général" qu'il y a quelques mois.
"Je ne pense pas que les sondages soient représentatifs de la réalité", dit Matthew Collins, pour qui "la marge d'erreur doit être très élevée".
"Les sondages chez
les votants probables donnent peut-être Biden gagnant, mais qu'en
est-il de l'enthousiasme des électeurs pour leur candidat, qui a un lien
avec la participation? Trump l'emporte haut la main là-dessus", fait
valoir Nick Freiling.
"Ils ne vont pas mettre de l'argent s'ils ne pensent pas que c'est possible"
"Il
faut regarder où va l'argent", insiste Matthew Collins, qui s'attend
aussi à ce que Donald Trump domine nettement les trois débats
présidentiels. "C'est ça qui compte pour les gens. Ils ne vont pas
mettre de l'argent s'ils ne pensent pas que c'est possible", tandis que
"les gens peuvent mentir aux instituts de sondage, il n'y a aucune
conséquence financière."
Des parieurs voient aussi dans la
proportion sans doute historique de votes par correspondance, pour cause
de coronavirus, un aléa supplémentaire, qui pourrait être favorable au
président sortant. "Ca pourrait être le bazar", imagine Matthew.