Le président vénézuélien Nicolas Maduro a gracié plus de cent
opposants, dont des députés et des
collaborateurs du chef de file de
l'opposition Juan Guaido, « dans le but de promouvoir la réconciliation
nationale », à trois mois de législatives que l'opposition appelle à
boycotter.
Le gouvernement utilise ces grâces « comme monnaie d'échange » pour « légitimer une farce », c'est-à-dire les élections législatives du 6 décembre que l'opposition compte boycotter, a réagi Juan Guaido. « On ne gracie pas des innocents ni ceux qui ont une immunité ».
« Une grâce présidentielle est accordée aux citoyens mentionnés ci-dessous »,
avait déclaré un peu plus tôt lundi le ministre de la Communication
Jorge Rodriguez, en lisant une liste de noms lors d'une conférence de
presse diffusée par la télévision d'État. Dans cette liste longue de 110
noms figurent des opposants détenus. D'autres sont en liberté ou en
exil.
Le bras droit de Guaido libéré de prison
La figure la plus emblématique de cette liste est Roberto Marrero, bras droit et chef de cabinet de Juan Guaido.
Il avait été arrêté pour « terrorisme » et incarcéré en mars 2019, deux
mois après que Juan Guaido s'est déclaré président par intérim du
Venezuela, en janvier de cette année-là. Roberto Marrero a été libéré
lundi soir, ainsi que d'autres opposants tels les parlementaires Gilber
Caro et Renzo Prieto, farouchement anti-Maduro, ou l'avocate Antonia
Turbay.
Depuis janvier 2019, Juan Guaido, que près de soixante
pays dont les États-Unis reconnaissent comme chef d'État par intérim,
tente d'évincer Nicolas Maduro du pouvoir. Il estime que le président
socialiste, qui jouit du soutien de Cuba, de la Chine et de la Russie,
est un « usurpateur » après sa réélection « frauduleuse » lors de la présidentielle de 2018.
Juan
Guaido ne figure pas parmi les personnes graciées. La justice
vénézuélienne, que l'opposition accuse d'être aux ordres du pouvoir, le
poursuit dans plus d'une demi-douzaine d'affaires. Il est notamment
accusé d'avoir voulu renverser Nicolas Maduro lors d'un appel au soulèvement de l'armée – resté sans effet – le 30 avril 2019, mais il est libre de ses mouvements à l'heure actuelle.
Par RFI