
À 11 h 17, le 4 janvier, soit le premier jour du retour au travail pour de nombreux Canadiens, ce montant était déjà atteint, révèle le dernier rapport du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA).
Selon Statistique Canada, les Canadiens gagnent en moyenne 53 482 dollars par année. En regroupant les données des entreprises cotées en bourse, le CCPA a calculé que la rémunération moyenne des dirigeants les mieux payés pour l’année 2019 était de 10,8 millions de dollars, ce qui équivaut à un salaire 202 fois plus élevé que celui du travailleur moyen.
Il s’agit d’une légère baisse comparativement à l’année précédente où le salaire de ces dirigeants représentait 227 fois la rémunération totale d’un travailleur.
Pour le moment, il est difficile de savoir si la pandémie aura un impact sur ce revenu puisque les données pour 2020 ne seront disponibles qu’au printemps. Toutefois, les premières estimations du CCPA
enregistreront des revenus similaires ou plus importants en raison des fluctuations de la bourse.
La pandémie n’a pas été mauvaise pour tout le monde
, concède l’auteur du rapport, David Macdonald.
Ces dirigeants ont bénéficié d’un coussin doré
tout au long de la pandémie qui gonfle année après année en raison
d'une augmentation du taux de rémunération des cadres qu’il qualifie de galopant
.
Quantifier la valeur des PDG
Selon le professeur en gestion à l’Université Carleton d’Ottawa, Ian Lee, le CCPA
ne retient que certaines données pour arriver à son rapport.
Plusieurs autres personnes, comme les athlètes de haut niveau ou certains artistes, gagnent beaucoup plus que les dirigeants d’entreprises, souligne-t-il. Ceux-ci ne sont toutefois pas critiqués comme contribuant aux inégalités, selon lui, puisqu’ils sont considérés comme des sommités dans leur domaine.
Il
n’y a pas de calculatrice pour mesurer la vraie valeur de Justin
Bieber, de Beyoncé ou du quart-arrière Patrick Mahomes… alors pourquoi
devrait-il y en avoir avec les dirigeants d’entreprise
, se demande Ian Lee.
Si le but de ce rapport est de lutter pour mettre fin aux inégalités, le professeur croit qu'il faut modifier les paliers d’imposition pour que ceux qui gagnent plus payent plus, plutôt que d’établir une limite arbitraire sur le revenu d’une personne.
Des revenus au-delà des salaires
L’auteur du rapport, David Macdonald, soulève qu’une part importante du revenu des PDG
ne provient pas directement de leur salaire, qui est soumis à l’impôt, mais de bonis sous forme d’actions qui permettent à ces dirigeants d'engranger beaucoup plus d’argent.
Il
me semble juste que le système fiscal impose les revenus d’une personne
au même titre, qu’il s’agisse de son salaire ou de la vente d’actions
, soutient-il.
Parmi la liste des 100 dirigeants les mieux payés, 36 d’entre eux ont eu recours à la subvention salariale d'urgence du Canada pour leur entreprise. Cette subvention permet aux entreprises d’obtenir l’aide du gouvernement fédéral pour payer jusqu’à 75 % du salaire des employés, indique le rapport.
David Macdonald suggère de prendre exemple sur l’Espagne et les Pays-Bas et d’exclure les entreprises qui augmentent le revenu de leurs cadres tout en ayant recours au programme d’aide financière.
Par Radio-Canada